Le quartier de la Citadelle à Metz : une immersion vivante dans l’héritage militaire

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31/08/2025

Un bastion stratégique dans l’histoire de Metz

Niché au sud de la vieille ville, le quartier de la Citadelle s’impose comme l’un des témoins les plus éloquents du passé militaire de Metz. Sa silhouette caractéristique, façonnée entre XVIIIe et XIXe siècles, rappelle immédiatement la vocation défensive de la cité lorraine. Dès le XVIe siècle, Metz devient une place forte du royaume de France après son rattachement en 1552. Vauban mène la première véritable modernisation des fortifications vers 1676, mais il faudra attendre le règne de Napoléon pour voir la création de la citadelle actuelle (source : Base Mérimée, Ministère de la Culture).

Architectures militaires remarquables : l’empreinte de Vauban et de la tradition fortifiée

La Citadelle de Metz, érigée entre 1556 et 1564 par l’ingénieur italien Rocco Guerrini sous Henri II, puis remaniée par Vauban un siècle plus tard, incarne la modernité défensive de l’époque. Cette enceinte polygonale à bastions fut conçue pour protéger les points faibles de la ville médiévale, elle-même prise en tenaille entre le rivage de la Seille et les premiers faubourgs méridionaux.

  • Le Bastion du Roi et du Saint-Esprit : Subsistent aujourd’hui dans le secteur, visibles depuis la promenade de l’Esplanade.
  • Porte Serpenoise : Point d’accès monumental, résultat des remaniements des voies d’entrée à la ville.
  • Le Palais du Gouverneur militaire : Vestige direct du pouvoir militaire, il se dresse comme un repère architectural du quartier.

La pierre jaune de Jaumont utilisée pour les bastions symbolise l’alliance entre les ressources locales et l’ingéniosité des ingénieurs militaires (source : Amis de la Cathédrale de Metz).

La Citadelle, témoin des grandes mutations militaires européennes

L’importance stratégique de Metz s’est trouvée amplifiée à la fin du XIXe siècle, à l’époque allemande (1871-1918). Metz devient alors le cœur du « Festung Metz », la plus vaste place forte du IIe Reich avec ses 41 forts répartis sur plus de 40 km (source : La Semaine). Si la Citadelle perd son rôle central en tant que fort, elle cristallise néanmoins la mémoire, puisque l’état-major prussien investit les anciens bâtiments pour administrer la défense de la Moselle.

  • En 1870, durant le siège de Metz, la citadelle accueille les états-majors et devient le laboratoire de la résistance organisée de la ville assiégée par les armées prussiennes.
  • Pendant l’Annexion, elle fait partie intégrante du dispositif urbain allemand avec l’ajout d’infrastructures militaires autour de l’Esplanade.

Symboles et anecdotes : la vie à la Citadelle à travers les époques

Derrière ses murs, la citadelle fut le théâtre d’innombrables épisodes : batailles, mutineries, réquisitions, mais aussi tranches de vie quotidienne. Quelques anecdotes marquantes :

  • Durant la Première Guerre mondiale, des familles messines entières furent logées dans les anciennes casernes, transformées en refuges d’urgence.
  • En 1944, c’est à proximité de la Citadelle qu’ont lieu d’intenses combats pour la libération de Metz, menés par les troupes américaines du général Patton.
  • Une tradition persistante affirme que sous la Citadelle existe un véritable “labyrinthe” de galeries souterraines, certaines inaccessibles au public, ayant servi successivement d’abris antiaériens, de dépôts de munitions et même de cellules de détention lors de la Seconde Guerre mondiale (légende confirmée partiellement par des fouilles récentes, source : Le Républicain Lorrain).

Du bastion militaire à la reconversion contemporaine

La Citadelle de Metz illustre aussi parfaitement le passage de témoin entre patrimoine militaire et nouvelle vocation urbaine. Depuis la fin de la présence active de l’armée dans le quartier, la ville a multiplié les efforts de reconversion :

  • L’Hôtel La Citadelle : Édifié dans une ancienne caserne, il allie design contemporain et architecture patrimoniale. Le restaurant étoilé s’installe dans les anciens entrepôts à poudre.
  • L’Esplanade : Démolie en partie fin XIXe pour permettre l’ouverture de la ville, elle devient aujourd'hui un espace public emblématique où chaque pierre rappelle la puissance du passé militaire.
  • L’Université de Lorraine et établissements scolaires : Occupe les franges sud du secteur, rappelant la capacité de Metz à réutiliser son patrimoine pour former les générations futures.

Les travaux récents de valorisation permettent aujourd’hui de comprendre autrement cette part d’histoire : des panneaux patrimoniaux, des expositions régulières et des visites guidées approfondissent la transmission de cet héritage unique (source : Mairie de Metz).

Un quartier au cœur des enjeux urbains contemporains

La Citadelle n’est pas qu’une relique. Elle s’intègre dans le tissu contemporain de Metz, avec ses ambitions :

  • Un secteur sauvegardé, inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques (depuis 1969 pour certaines parties) et protégé par le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur.
  • Un projet d’accès piétonnier et cyclable renforcé par la reconfiguration de l’Esplanade, le rendant plus accessible tout en respectant l’empreinte historique.
  • De nouvelles perspectives d’aménagement : l’implantation du nouvel Hôtel de Région en 2011, à deux pas de la Citadelle, a dynamisé la fréquentation du quartier.

Par ces transformations, Metz démontre sa capacité à faire dialoguer passé militaire et dynamiques urbaines actuelles.

L’héritage militaire de la Citadelle dans la mémoire collective messine

Ce quartier reste, pour les Messins, un puissant marqueur identitaire. Lors de grandes commémorations (comme le 11 novembre ou la fête de la Libération), l’Esplanade et la Citadelle accueillent des cérémonies réunissant civils et militaires. Un récent sondage local (TV8 Moselle-Est, 2023) montre que 72% des habitants du centre-ville considèrent la Citadelle comme « le symbole le plus fort de l’histoire de Metz avec la cathédrale ».

À travers la diversité de ses usages, la richesse de ses vestiges et le poids des récits qui s’y rattachent, ce secteur demeure plus que tout un miroir des grandes mutations qui ont traversé Metz et la Lorraine, du royaume de France au XXI siècle.

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